Le WiFi territorial à la portée de toutes les collectivités

8/8/20255 min read

free wifi print board
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A l’heure où l’on parle de 5G (et certains évoquent déjà même la 6G …), il peut paraître un peu dépassé d’écrire un article sur le WiFi !
Et pourtant, quiconque a des « ados », sait bien que la première question qu’ils posent en arrivant quelque part, est invariablement la même : « c’est quoi, le code wiFi ? »
Alors, le WiFi : has-been, vraiment ?

Ceux qui sont tentés de répondre positivement à cette question, seraient surpris de constater qu’un grand nombre de collectivités territoriales de toutes tailles, examinent depuis plusieurs mois, l’opportunité de donner à leurs habitants, aux acteurs économiques de leur territoire et à leurs touristes visiteurs, la possibilité de se connecter à l’internet par le wifi.

De quoi s’agit-il ? Comment cela marche-t-il ? Quel intérêt pour la collectivité territoriale ? Dans quel cadre cette dernière peut-elle se lancer dans ce type de projets ? Voici quelques questions auxquelles cet article se propose d’apporter un éclairage.

Alors, de quoi parle-t-on ?

Le Wifi territorial apparaît comme un service couvrant des zones publiques définies en fonction des attentes perçues ou exprimées, principalement des endroits ou des locaux délivrant des services au public (mairie, écoles, Maisons « France Service », musées, office de tourisme…), des espaces ouverts au public (parcs, places, stades, …), ou plus simplement encore des lieux particulièrement fréquentés (rues commerçantes, marchés, gares, etc.)

Quels sont les usagers potentiels de ces services ?
  • Les personnes disposant d’un forfait limité en données, en particulier les publics fragiles aux ressources limitées, mais pas uniquement !

  • Les touristes européens ou extracommunautaires dont le forfait « data mobile » est potentiellement limité à l’étranger

  • Toute personne qui se connecte au WiFi pour une plus grande fluidité de navigation (notamment dans le cas où la connexion mobile est mauvaise)

Comment ça marche ?

Concrètement, cela est très simple et très classique pour l’utilisateur : il se connecte au WiFi au travers d’un portail d’accès personnalisé par la collectivité, portail qui « s’ouvre » de façon automatique quand l’utilisateur sélectionne le réseau WiFi de la collectivité (le nom du réseau doit être suffisamment explicite pour être reconnu quand l’utilisateur recherche les réseaux WiFi « disponibles » à proximité).

Lors de la première connexion, l’utilisateur doit donner un minimum d’informations le concernant et valider les conditions générales d’utilisation du service. Ses connexions suivantes seront ensuite facilitées, et généralement automatiques, le terminal de l’utilisateur étant alors reconnu grâce à son adresse MAC (identité unique propre à chaque terminal). Il est en effet important de rendre le service le plus simple d’utilisation car 20 à 40% des utilisateurs – voire plus si cela se répète trop – renoncent à utiliser ce type de services s’il y a une absence de continuité à l’accès à Internet.

De son côté, la collectivité peut gérer ses points d’accès WiFi à travers une interface dédiée – appelée un extranet – depuis laquelle elle pourra avoir accès à des informations utiles pour faire évoluer son analyse des dynamiques locales, sa gestion de la relation aux citoyens et ses projets d’animation : nombre de connexions par antenne, localisation de celles-ci, volumes téléchargés et langue des utilisateurs. Ces données lui permettent d’améliorer le service mis à la disposition des administrés et des touristes, mais aussi de mieux comprendre les différents usages dans le territoire. Ainsi, par exemple, les données de géolocalisation permettent de visualiser les déplacements importants de groupes d’usagers, la quantité de personnes dans une zone donnée ou les temps d’attente à un endroit déterminé. Ces informations permettent ensuite d’agir de façon appropriée en renforçant les capacités d’accueil d’un guichet à tel horaire, en anticipant la fréquentation d’une manifestation, en modifiant les tracés des transports en commun, etc.

Il est important de noter que ces données revêtent souvent un caractère personnel et sont donc à traiter avec une extrême précaution. Leur collecte, leur utilisation, leur conservation et leur anonymisation sont régies par les règles strictes énoncées au niveau national comme à l’échelle européenne et qu’il convient de respecter scrupuleusement.

De plus, en cas d’obtention d’un financement au titre de l’appel à projets européen WiFi4EU (dont nous parlons ci-dessous), elle ne sera pas autorisée à enregistrer les données avant une période de trois ans.

Quelle complémentarité avec les technologies de couverture déjà existantes ?

Ces projets locaux de déploiement de WiFi territorial ne sauraient être développés sur fonds publics de façon concurrentielle aux réseaux existants, cela va de soi. Ces « micro-réseaux » de couverture se distinguent des accès fixe et mobile par des conditions d’usage très restrictives dans l’espace – quelques dizaines de mètres tout au plus – et dans le temps – quelques heures –.

Ils n’offrent pas le même niveau de sécurité que les réseaux classiques car on peut s’y connecter sans contrôle d’identité.

Ainsi, le déploiement d’une offre de service de WiFi peut apparaître comme complémentaire de celles proposées en très haut débit fixe et mobile. Il peut soulager le trafic mobile lorsqu’il est saturé par un grand nombre d’utilisateurs et permet à la collectivité d’établir des relations directes avec des usagers identifiés et localisés.

Quel intérêt pour la collectivité territoriale ?

Le déploiement d’un service de connexion au WiFi présente un certain nombre d’opportunités pour les collectivités territoriales.

Tout d’abord, cela leur permet – au travers de la connexion de ces usagers – d’ouvrir un nouveau canal de communication et de délivrer une information dédiée : la collectivité pourra ainsi présenter les services qu’elle développe, assurer la promotion de certaines de ses actions, renforcer son attractivité touristique etc.

Au-delà, il est possible pour les collectivités territoriales d’engager une démarche plus complète, basée notamment sur la collecte de données – dans le respect du Règlement général européen de protection des données (RGPD) – et s’inscrivant dans une dynamique de « territoire intelligent », qu’il pourra être utile de conduire à l’échelon intercommunal ou sur une aire plus large.

Ainsi, l’arrivée d’une solution complémentaire de connectivité dans le territoire ouvre la porte à de nouvelles opportunités, en particulier toutes les possibilités de gestion de la ville liées aux objets connectés : candélabres intelligents, sondes de mesure du bruit, de l’air ou encore mobilier urbain connecté. Ces nouveaux outils peuvent s’appuyer sur l’infrastructure WiFi mise en place.

Plus globalement, ce type de projet permet à la collectivité de se montrer sous un jour dynamique et innovant, assurant la promotion de son territoire et offrant un accès facilité à de nouveaux usages et à de nouveaux services publics.

Le programme Wifi4EU

Le programme européen WiFi4EU offre un financement d’un montant forfaitaire de 15.000 euros pour la réalisation d’un projet respectant le cahier des charges fixé par la Commission européenne.

En quelques chiffres :

– une enveloppe européenne de 120 millions d’euros ;

– des subventions à hauteur de 15.000 euros par projet ;

– 6000 à 8000 communes bénéficiaires à travers l’Union européenne ;

– appel à projets organisé en quatre vagues successives entre 2018 et 2020.